Page:Verhaeren - Les Blés mouvants, 1912.djvu/80

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Pour que la plaine, ainsi qu’au temps passé, fût celle
Qui remplissait la grange et comblait l’escarcelle…


BENOIT

Dites-vous bien que c’est moi seul, le vieux,
Qui sais encor ce qu’il faut faire
Pour que demeure autoritaire,
La terre.
Et si ce soir d’été je m’adresse à vous tous,
Comprenez-vous, comprenez-vous ?
C’est que l’heure qui sonne est comme un glas qui tinte
C’est que vous êtes lents et mous,
C’est que vos voix ne sont que plaintes,
C’est que je vois enfin
Votre bouche souffler en vain
Et ranimer entre vos mains
Vos pauvres pipes presque éteintes.