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Comme à des rois,
Aux trois tilleuls qu’on aperçoit
Au bout du dernier champ qui limite les plaines.
Je souhaite parfois
Que leurs branches soient mon seul toit
Et que le grand pan d’ombre
Que déplacent, autour des troncs, les feuilles sombres,
Soit ma légère et mobile maison :
Je vivrais là, avec la pluie et la lumière,
Au long des jours nombreux de la belle saison,
Heureux d’être perdu dans l’immense horizon
Et de sentir mon cœur aussi près de la terre !
Arbres, vous me diriez la souplesse du vent
Qui danse et court et joue sur vos rameaux vivants.
Vous me diriez ce qu’est l’endurance et la force
Qui vous dressent sous l’armure de votre écorce
Contre l’ample tonnerre et l’éclair contracté
Et votre sève calme apprendrait la santé
À mon corps où la sang précipite ses ondes
À travers les réseaux de mes veines profondes.