Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/179

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Celui qui me lira, dans les siècles, un soir,
Troublant mes vers, sous leur sommeil ou sous leur cendre,
Et ranimant leur sens lointain pour mieux comprendre
Comment ceux d’aujourd’hui s’étaient armés d’espoir,

Qu’il sache, avec quel violent élan, ma joie
S’est, à travers les cris, les révoltes, les pleurs,
Ruée au combat fier et mâle des douleurs,
Pour en tirer l’amour, comme on conquiert sa proie.

J’aime mes yeux fiévreux, ma cervelle, mes nerfs,
Le sang dont vit mon cœur, le cœur dont vit mon torse ;
J’aime l’homme et le monde et j’adore la force
Que donne et prend ma force à l’homme et l’univers.