Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/35

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L’heure est de meurtre et de sang lourde,
On tue au nom de l’avenir sacré, des voix sourdes,
Des voix âpres, des voix folles se fondent,
Autour du berceau rouge, où balbutie un monde.

Vénus, recueille en toi cette ivresse angoissée ;
Que du fond de ta chair et de ton cœur
L’amour afflue et règne enfin dans ta pensée,
Aime l’humanité qui est l’âme meilleure
En tourmente et en vertige vers le bonheur ;
Livre et prodigue-toi à tous ceux qui t’appellent,
Non plus parmi les dieux, ni à genoux,
Devant les Christs — mais debout, parmi nous,
Et simplement humaine et maternelle.