Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/34

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À travers joie ou pleurs, à travers sang ou lie,
Le cri toujours jeté, toujours brandi,
Par la fièvre et la folie
Violentes du sacrifice.

La ville est en colère et en tempête,
Toute la haine illumine sa tête,
Des volontés d’éclair passent dans les cerveaux,
Des bras soudains dont les rages fécondent
Apparaissent, pesants de force et de marteaux.
On ne sait quel tonnerre autour des peuples gronde
Et leur donne sa voix et les arme de feux ;
Des fronts dressent leur mur contre l’orgueil des dieux,
Ils entendent, au delà de l’heure, l’appel
De ceux qui connaîtront un temps plus mutuel,
Quand les sceptres seront comme des tiges
D’où tomberont les fleurs de vice et de prestige.

Sois désormais la vie en lutte avec la mort ;
Vénus, verse ta fièvre et ta jeunesse aux foules ;
Sois ses fureurs et sois ses houles
Et sois publique et sois divine encor !
En tous ces bras armés, en ces frustes cervelles,
Le sang du vieux destin monte et se renouvelle.