Dans le gel dur et la splendeur des vérités,
Ils condamnaient d’un mot les doctrines faciles,
Les textes vieux et nuls, les axiomes, la mort ;
Ils redressaient, d’un bond de leur âme, le sort ;
Et qu’ils fussent soumis de geste et de parole,
Tels saint Thomas, saint Dominique ou saint Bernard,
Ou révoltés, tels Huss, Luther, Savonarole,
Aucun n’abandonnait devant l’effroi, la part
De renaissante ardeur et de clarté fougueuse
Qu’ils destinaient au monde et prétendaient darder.
Et sous les éclairs d’or de leur âme orageuse
On traversait les horizons déjà sondés
Et l’on allait plus loin et plus haut que la vie.
Seule au départ, leur marche était bientôt suivie,
Vers n’importe où, par les foules et par les rois ;
Ils replantaient, sur des sommets plus purs, la croix,
Y suspendaient les cœurs chrétiens comme des grappes
Et, plus rouge d’amour, ils la montraient aux papes.
Ainsi s’affirmaient-ils hardis, puissants et beaux ;
Et Rome étant un sol de cendre et de tombeaux,
Eux les moines, les seuls et vrais maîtres du monde,
Galvanisaient la mort et la rendaient féconde.
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