Il distingue, là-bas, le heurt des deux armées
Et le coup net qu’il faut, sans hésiter,
Porter.
Ô le superbe et triomphant batteur de gloire
Qui forge, en un tumulte d’or, l’histoire ;
Il est l’angoisse, il est la vie, il est la mort,
Il dévaste, avec des mains rouges, les nuits du sort ;
Si les poisons des tyrannies
Doivent mûrir, à la treille de son génie,
Qu’importe ! — il rayonne ; le seuil
De son âme tragique est solennel d’orgueil ;
Tous croient en lui et tous vénèrent
Le sang dont son grand geste éclabousse la terre.
Plaines vastes ! vos floraisons de meurtre où luit
La mort, vos blessures, vos bras sans corps, vos torses
Déchiquetés et crus d’où s’écoulent les forces,
Apparaissent, ainsi que sa moisson à lui.
Toujours, par un mot bref, simple et lucide
Chaque bataille, il la décide ;
Ceux qu’il rencontre, il les appelle : ses vaincus.
Ils se perdent dans l’œuvre ardent qu’il a conçu.
Ils hésitent, et voici qu’il les voit
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