Page:Verhaeren - Les Forces tumultueuses, 1902.djvu/48

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Ô son bondissement, soudain, dans les mêlées,
Quand le peuple marchait vers les façades d’or,
Avec ses poings, enfin dressés, contre le sort,
Et que les coups pleuvaient et que les pierres
Aux colères mêlées,
Cassant les hauts carreaux pleins de lumières
Semblaient broyer et disperser, sur le pavé,
De l’or !

Et son verbe rouge et levé,
Comme un faisceau hargneux de pointes
Férocement disjointes ;
Et sa colère et sa folie et son amour
Roulant ensemble et s’exaltant, autour
De chacune de ses idées ;
Et sa raison violente et dardée
Faite de passion et de bouillonnement
Et son geste d’orage et de grand vent
Qui projetait son rêve, ainsi qu’une semence,
Ardente et rouge, en des milliers de fronts vivants !

Depuis il fut le roi des superbes démences,
Il est monté et monte encor, sait-il jusqu’où ?
Son pouvoir neuf, son pouvoir fou,