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Et quand, à coups d’épée, ils saccagent les vignes
D’un combat rouge, ils croient qu’Odin même désigne
Quelles grappes de vie, il leur faut tordre et broyer.
Leur haine et leur fureur, on les voit flamboyer,
Partout. Ils vont et vont ; tuent et disparaissent ;
Ils mènent l’aventure et la fortune en laisse ;
Ils s’attaquent aux rois autant qu’à leurs vassaux.
La cité prise et morte, ils regagnent les eaux,
Entassant pêle-mêle, au hasard, sur les rives,
De lourds coffrets d’argent et des femmes captives.



Printemps, été, automne, hiver.
Le comte au bras de fer
Les harcelait, avec astuce et rage.
Connaissant tous les bords de son pays mauvais,
Il les poussait et les captait en des marais.
Ruse, tu étais sœur de son courage.
Il t’employait pour les abattre et pour régner.
Autant que le comte au long col, Régnier,
Il attisait en lui, le feu des convoitises.
Il se fût allié, fût-ce aux Normands,
Si son père, le roi, si sa mère, l’Église,
Avaient contrarié son appétit flamand