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Qui s’exaltait à prendre
Chaque an, un coin nouveau pour sa terre : la Flandre.

Et qu’importe qu’il fût larron, tueur, bandit.
Si le premier, avec ses deux mains acharnées,
Il a serré le nœud des destinées,
Autour du cœur de son pays.
Il fut sa pensée âpre, en ces heures d’épreuve,
Où le monde sentit l’Europe ardente et neuve
Remplacer Rome usée et soudain tressaillir,
Tête au soleil, vers l’avenir.
La Flandre, il la voulait belle comme un royaume.
Il en aimait la mer, les bois, les clos, les chaumes,
Les nuages, le ciel, la brume et les grands vents ;
Et son donjon armé qui lui semblait vivant
Surgissait à ses yeux vers la lutte éternelle,
Tant pour sa gloire à lui que pour sa garde à elle.