Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/121

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Vieux métayers, dont les regards sont pleins
Et de rêves défunts et de douleurs passées,
Vous aimez tous la fleur de lin.

Et vous partez la voir pousser, vivante et franche,
Chaque dimanche,
L’été, quand vous allez aux champs
Et que vous discutez, calmes et sages,
Sur le temps sec que vous présage
Le fulgurant visage
Du grand soleil couchant.

L’heure arrive des faux, l’heure arrive des proies ;
Juillet torride, en ses brassins de flamme, noie
Le sol, le bois, le ciel et les guérets d’été.
Mais la naïve fleur est morte et s’est fondue,
Avant ces temps de brutale avidité,
Minuscule veilleuse au cœur de l’étendue.

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