Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/137

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Les doigts aigus, les mains hagardes,
Les yeux illuminés par l’or,
Et fixement, ne se regardent,
Qu’après l’avoir compté encor.

Le temps est loin, qu’aux jours propices
Ils s’unirent sans rien de rien,
Mais ils ont fait de rien leur bien
Et de leur bien leur avarice.

Ils ont peiné bon an, mal an,
Tordant un gain rudimentaire
De leurs luttes, à coups d’ahan,
Contre les forces de la terre.

Leurs dix enfants furent leur faix ;
Il en est mort : Dieu les accueille ;
Quand la forêt perd de ses feuilles
Le sol s’engraisse et c’est bien fait.