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Jadis, leur hutte en bois de hêtre
Était grande comme la main ;
Mais aujourd’hui, c’est trois fenêtres
Qu’ils alignent sur le chemin.

Et les voici usés et blêmes
Au bout des ans et de leur sort,
Peureux des gens, peureux d’eux-mêmes,
Et supputant entre eux leur mort.

Chacun vivant de sa panique,
Chacun voulant pour soi tout seul
— Fût-ce un seul jour — la somme unique,
Avant la nuit et le linceul.

Mais leurs enfants sont là qui veillent,
Les yeux aigus à l’horizon ;
Et quand parfois, dans la maison,
Un feu de chandelle s’éveille,