Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/186

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Les mendiants apparaissent près des chaumières,
Sortant des horizons où se cachent les bois :
Et les cailloux rugueux et lourds de leur prière
Se heurtent dans leur gorge et grincent dans leur voix.

Au coin du champ voisin, où les meules s’accoudent,
Les noirs choucas traversent l’air de leur vol lourd ;
L’étable et les fournils dorment ; les granges boudent ;
Et seuls, les hauts fumiers fument au fond des cours.

Un grand silence mou charge ces pourritures ;
Et rien ne s’entendrait, au long des jours lassés,
Si, du côté des bourgs, quelque cloche âpre et dure
Ne sonnait, vers le soir, pour d’obscurs trépassés.

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