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L’averse choit sous la nuée,
Battant les toits et les auvents
Comme les grains le creux d’un van ;
Les bois, là-bas, avec leurs branches remuées
Balayent les airs, de loin en loin.

Avec ses bras géants, le vent du nord
La tord
Et la projette par rafales
Dans les jardins peuplés de bourgeons d’or ;
Tiges, pistils, rameaux, pétales
S’affalent ;
Elle déchiquette le blé nouveau
Et déchire le verdoyant manteau
Des espoirs neufs et des richesses végétales.

Les villages la regardent passer
Ainsi qu’une déroute ;
Les linges blancs qu’on sèche au long des routes
Sont balayés vers les fossés.
Des champs entiers, prés et broussailles,
Sont saccagés sous sa mitraille