Page:Verhaeren - Les Plaines, 1911.djvu/94

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Morte de sommeil lourd,
Une servante en jupons rouges,
Cheveux défaits et seins qui bougent,
S’étire en traversant la cour.

Et c’est l’éveil des métairies :
Les chiens aboient, les porcs grognent ;
Les pieds massifs des chevaux cognent
Le mur sonnant des écuries ;
Un verrou crie à l’huis des granges ;
Les seaux qu’on range
S’entrechoquent sur les carreaux ;
L’étable s’ouvre et les buées
Montent des litières remuées
À coups de fourche et de rateaux.

Déjà les cuisines sont pleines
De gens de peine
Qui gloutonnent autour des plats,
Puis qui partent, armés de bêches,
Fouiller la terre, âpre et sèche,
Là-bas.