Page:Verhaeren - Les Rythmes souverains, 1910.djvu/33

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              Il renversa comme autrefois
                           Les chênes.
Son geste fut si prompt qu’il ne le comprit pas.

Mais quand sa rage, enfin calmée et assouvie,
Lui permit de revoir en un éclair sa vie
Et sa terrible enfance et ses puissants ébats,
Alors qu’il arrachait, par simple jeu, des arbres,
Ses bras devinrent lourds comme des bras de marbre
             Tandis qu’il lui semblait
Entendre autour de lui mille rires bruire
Et les échos cruels et saccadés lui dire
             Qu’il se recommençait.

Une sueur de honte inonda son front blême
Et le désir lui vint de s’outrager soi-même
                   En s’entêtant,
                   Stupidement,
                   Comme un enfant,
                   Dans sa folie ;