Page:Verhaeren - Les Rythmes souverains, 1910.djvu/37

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La gloire autour de moi vibra comme enflammée :
J’ai, dans mon sang, le sang du Lion de Némée ;
L’Hydre, fléau d’Argos que Typhon engendra,
A laissé sa souplesse et sa rage en mes bras ;
Je cours de plaine en grève à larges pas sonores
Ayant rythmé mes sauts sur les bonds des centaures ;
J’ai déplacé des monts et changé les contours
Que les fleuves d’Ellis traçaient avec leur cours ;
À coups de front buté contre sa large tête
Un taureau recula devant ma force, en Crète ;
Stymphale a vu ma flèche ensanglanter ses eaux
Du trépas noir et monstrueux de ses oiseaux ;
J’ai ramené vivant du fond des forêts mornes
Le cerf dont l’or et dont l’airain formaient les cornes ;
Pour lui voler ses bœufs et tuer Géryon
J’ai battu les pays jusqu’au Septentrion ;
J’assujettis sous les coups sourds de mon poing raide
Les chevaux carnassiers du sombre Diomède ;
Pendant qu’Atlas s’en fut voler les fruits divins
Le monde entier, sans les ployer, chargea mes reins,
Ceinture ardente et plus belle qu’une couronne,
Je t’ai conquise aux flancs guerriers de l’Amazone