Page:Verhaeren - Les Tendresses premières, 1904.djvu/45

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Et mon souffle d’enfant, je l’employais
À ranimer, sur des boutons de cuivre,
Quelque profil terni de lion ou de guivre.


Oh ! les défunts et lumineux trésors !
Et que d’heures, que d’heures
Les plus chères et les meilleures
M’y ont versé leur paix pour ne songer qu’aux morts.


L’été, je m’accoudais à la lucarne ouverte ;
Les champs, les bois, les flots, les plaines vertes,
Tout, de là-haut, me paraissait changé ;
Les sentiers du jardin semblaient avoir bougé,
Et les massifs, les boulingrins, les gloriettes
Et les poteaux blanchis du tir à l’arbalète
Étaient autres. Même le clocher
Semblait avoir, tel un géant, marché
Vers les courants d’Escaut dont les vagues pareilles
À des armes, luisaient et se tassaient là-bas.
Les moulins agitaient plus largement leurs bras
La meule et le blutoir et les aîles vermeilles
Ronflaient et bourdonnaient comme un million d’abeilles.

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