Page:Verhaeren - Les Tendresses premières, 1904.djvu/8

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Je me souviens de la bonne saison ;
Des parlottes, l’été, au seuil de la maison
Et du jardin plein de lumière,
Avec des fleurs, devant, et des étangs, derrière ;
Je me souviens des plus hauts peupliers,
De la volière et de la vigne en espalier
Et des oiseaux, pareils à des flammes solaires.


Je me souviens de l’usine voisine
Tonnerres et météores
Roulant et ruisselant
De haut en bas, entre ses murs sonores
Je me souviens des mille bruits brandis,
Des émeutes de vapeur blanche
Qu’on déchaînait, le samedi,
Pour le chômage du dimanche.


Je me souviens des pas sur le trottoir,
En automne, le soir,
Quand les volets fermés, on écoutait la rue
Mourir :
La lampe à flamme crue