Page:Verhaeren - Les Villes à pignons, 1910.djvu/126

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Elle existe, vivant de peu, très à l’écart ;
Où monte son pignon, montait l’ancien rempart.
Les dimanches, à l’heure où l’on sonne les messes
Elle écoute, de loin, le lourd bourdon baller,
Et les cloches, une fois l’an, se quereller,
Toutes ensemble, à la kermesse.

Elle connaît l’huissier, le juge et le curé,
Et ceux qui vont à Deynze, et de Deynze à Courtrai,
Et ceux que le lundi pousse jusqu’à Termonde ;
Tous, ils rentrent, le soir, avant la nuit, chez eux,
Sans que jamais aucun ne laisse errer ses yeux
Au long des rails brûlants, qui vont au bout du monde.

Un va et vient prévu de charriages las
Circule, autour de vieux hangars, là-bas ;
Un camion s’éloigne, un camion arrive ;
On hèle, au cabaret, quelques débardeurs soûls,
Et les wagons chargés sont poussés, bout à bout,
Et se heurtent, comme entraînés à la dérive.