Page:Verhaeren - Les Villes à pignons, 1910.djvu/52

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Traine, cahin caha, jusqu’au moment
Où, d’un trop gauche mouvement,
Il renverse sa pinte.

Le forgeron sentant son appétit
Qui peu à peu s’émousse et s’alentit,
S’interrompt de manger et applaudit quand même.
D’autres rient du poëme,
Mais se poussent pour voir entrer en vacillant
Un plat montueux d’aulx et de cervelas blancs.

Les deux Terlink, frères ennemis, luttent
À qui dévorera en quatre coups de dents,
Un boudin long comme une flûte ;
Ils l’avalent, le front têtu, les yeux ardents,
Sans un seul spasme,
Et la salle rayonne et bout d’enthousiasme.

Mais le sonneur qu’on avait cru
À bout d’entrain et de frairie,
Se rengorge, se carre, et tout à coup parie
Qu’il mangera un jambon cru,