Tordus en total noir, en somme infâme,
En vigne rouge, immense, inassouvie,
Qui l’absorbent, comme s’il leur versait la vie.
Ô les hontes et les crimes des foules
Passant sur la ville comme des houles,
Et s’engouffrant en des loges de plâtre,
De haut en bas, autour des halls et des théâtres !
La scène brille, ainsi qu’un éventail,
Au fond, luisent des minarets d’émail
Et des maisons et des terrasses claires.
Sous les feux bleus des lampadaires,
En rythmes lents d’abord, mais violents soudain,
Se cueillant des baisers et se frôlant les seins,
Se rencontrent les bayadères ;
Des négrillons, coiffés de plumes,
— Les dents blanches, couleur d’écume,
En leurs bouches, vulves ouvertes —
Bougent, tous les mêmes, d’après un branle inerte.
Un tambour bat, un son de cor s’entête,
Un fifre cru chatouille un refrain bête,
Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/145
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.