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Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/177

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L’hiver, à la Noël, l’été, à la Saint-Pierre,
Le vieux quartier de crasse et de lumière
Monte vers le péché, avec un élan large.

Il fermente de chants hurlés et de tapages :
Fenêtre par fenêtre, étage par étage,
Ses façades dardent, de haut en bas,
Le vice — et, jusqu’au fond des galetas,
Brâme l’ardeur et s’accouplent les rages.
Dans la grand’salle, où les marins affluent,
Poussant au devant d’eux quelque bouffon des rues
Qui se convulse en mimiques obscènes,
Les vins d’écume et d’or bondissent de leur gaîne ;
Les hommes saouls braillent comme des fous,
Les femmes se livrent — et, tout à coup,
Les ruts flambent, les bras se nouent, les corps se tordent,
On ne voit plus que des instincts qui s’entremordent,
Des seins offerts, des ventres pris — et l’incendie
Des yeux hagards en des buissons de chair brandie.

Et cela monte et s’affaisse pour remonter encore :
Et cela roule, ainsi que des marées