Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/176

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Les yeux fixes, se caressent la peau,
D’une main lente et machinale.

C’est l’étal flasque et monstrueux de la luxure
Dressé, depuis toujours, sur les frontières
De la cité et de la mer.

D’après l’argent qui tinte dans les poches,
La promesse s’échange ou les reproches,
Un cynisme tranquille, une ardeur lasse
Préside à la tendresse ou la menace.
L’étreinte et les baisers ennuient. Souvent,
Lorsque les poings s’entrecognent, au vent
Des insultes et des jurons, toujours les mêmes,
Quelque gaieté s’essore et jaillit des blasphèmes,
Mais aussitôt retombe — et l’on entend,
Dans le silence inquiétant,
Un clocher proche et haletant
Sonner l’heure lourde et funèbre,
Sur la ville, dans les ténèbres.

Pourtant, à certains mois, quand les fêtes émargent