Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/58

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Colossale, tissant ses toiles
Jusqu’aux étoiles.

C’est le moulin des vieux péchés.

Qui l’écoute, parmi les routes,
Entend battre le cœur du diable,
Dans sa carcasse insatiable.

Un travail d’ombre et de ténèbres
S’y fait, pendant les nuits funèbres,
Quand la lune fendue
Gît-là, sur le carreau de l’eau,
Comme une hostie atrocement mordue.

C’est le moulin de la ruine
Qui moud le mal et le répand aux champs,
Infini, comme une bruine.

Ceux qui sournoisement écornent
Le champ voisin en déplaçant les bornes ;
Ceux qui, valets d’autrui, sèment l’ivraie