Page:Verhaeren - Les Visages de la vie, 1899.djvu/43

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Et son désir immense de la vie
Qui soudain clame et qui bondit
Si fort, au delà de la mort !

Je suis venu vers toi, de mon pays lointain,
Avec mon âme et mon destin,
Pour te donner et te verser
Tout ce que j’ai sauvé de mon passé.

Et je t’aime d’autant que je te fais du mal
Et que je souffre aussi, ma tant martyrisée,
Par tes regards et tes pensées.

Ô nos cœurs mutuels dont nous sommes la proie,
Sont-ils pauvres et violents,
Avec leurs cris soudains et pantelants !

On part, ailes dardées,
Les vœux unis, mais les idées
Inaccordées.

On respire des fleurs d’ardeur immense
Dont le balancement, au vent fugace, encense
L’orgueil des corps et leur démence.