Page:Verhaeren - Les Visages de la vie, 1899.djvu/47

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Que recèle le mont,
Lorsqu’il règne, toute la nuit,
Avec son ombre prosternée,
En prière, devant lui.

Sous les rochers qu’il accumule,
S’élabore la vie énorme et minuscule
Des atomes et des poussières.
Les fers, les plombs, les ors, les pierres
Y reposent. Et les joyaux et leurs yeux lourds
Qui ne peuvent se voir dormir,
Mais qui s’éveilleront pour, tout à coup, frémir
D’unanime clarté suprême,
Attendent là, que, largement, un jour,
Au front des rois, ils surgissent en diadèmes.

Ce mont,
Avec son ombre prosternée,
Au clair de lune, devant lui,
Déchire et domine la nuit,
Du haut des rocs plantés, en cercle, sur sa tête.

Il abritait, aux temps anciens, des bêtes
Monstrueuses, que des hommes, vêtus de peaux,
Tuaient, à coups de hache et de marteaux,