Dupes du monde — et néanmoins
Voulant toujours porter, plus loin,
L’offrande à tous de leur douceur sans crainte.
Mais aujourd’hui qu’ils sont les morts,
Loin des dédains et loin des haines,
— En ces heures de beaux soirs d’or
Où les anges voilent les yeux du jour —
Hélas, comme au-delà de l’heure humaine,
On les aime d’un triste et regressif amour.
On les rêve, là-bas, vêtus de laines,
Auprès des vierges et des fleurs,
En des jardins ornant des plaines
Et descendant, vers la rivière,
Mirer les rosiers blancs de la prière.
Ils habitent les pays de clarté
Qui sont leur âme
Revenue à son essence et sa flamme ;
Leur âme de candeur et de bonté,
Que personne, durant leur passage sur terre,
N’a visitée.
Leur voix n’a rien changé à son mystère,
Leurs yeux profonds et assidus n’ont rien perdu
Page:Verhaeren - Les Visages de la vie, 1899.djvu/56
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.