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Leurs cœurs naïfs et inventifs
De bienveillance et de tendresse,
Se dévouaient, avec des mots presque sacrés.

En leurs yeux purs et assurés,
Où se mouillaient des regrets de caresses,
Se maintenait la confiance
Intacte encor de la première enfance.

Ils arrivaient, du côté du matin,
Avec le rêve, en eux, des temps lointains,
Où les lèvres des fleurs et des corolles
Parlaient, avec des banderolles,
Selon la loi, qui fait timides les paroles.

Ils étaient blancs d’une lumière
Dont la flamme dormait, au berceau de la terre ;
Ils étaient forts d’une autre joie
Que celle, hélas ! qui tient, entre ses mains,
Des fleurs rouges, comme des proies.

Et leurs pas lents suivaient, par nos chemins,
L’empreinte d’or dont les Jésus, sans doute,
Au temps des saints, avaient marqué la route.
Aussi vécurent-ils, sans nulle plainte,