Page:Verhaeren - Petites Légendes, 1900.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Comme un Kobold je vis sous terre,

Auprès de l’arbre autoritaire,
Qui ne veut pas, sur mon conseil,

Pommeler d’or ton clos vermeil.


Je suis ton maître, — et par la crainte

Folle dont ton âme est étreinte
À cette heure, je suis ton roi,

Obéis donc et marche droit. »


Sixtus Van Mol, plus mol que cire,

Par bravade, se mit à rire,
Mais Kleudde-Jan n’écouta pas

Ce rire, faux comme un faux-pas.


Quoi qu’il en eût, l’échevin ivre

Le dos en deux, comme un vieux livre,
Dut transporter jusque chez lui

Son compagnon et son ennui.

 

Après des chutes solennelles,

En des fourrés, en des venelles,
Après des cris et des jurons

Et de grands gestes fanfarons,

 

Le couple enfin heurta la porte

Aveugle et sourde, en la nuit morte,
Et le vieux mur de désespoir

Qui bossuait l’horizon noir.