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Page:Verhaeren - Petites Légendes, 1900.djvu/78

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Quand Kleudde-Jan mit pied à terre,

Il prit un ton protestataire
De vive et soudaine amitié.

Eut-il mépris ? Eut-il pitié ?


On ne sait pas. Mais, dès cette heure,

La force et la ruse majeure
Qu’il n’employait jamais en vain,

Travaillèrent pour l’échevin.


Laissant dans le terreau mollasse

Croître le tronc, bien à sa place,
Il en courba les rameaux longs

Ongles tournés vers les moellons.


Avec l’aide savant des mousses,

Les bourgeons neufs, les jeunes pousses
Entre les joints, comme en du brou,

Patiemment, firent leur trou.


En quelques mois, l’œuvre était faite.

L’octobre d’or chanta la fête
Du fruit superbement pendu

Sur l’autre pan du mur fendu.


Le vent heureux, l’air vibratoire,

Les oiseaux fous chantaient victoire,
Sixte en monta jusqu’au zénith

De son orgueil et rajeunit.