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les flamandes

Pendant qu’autour, flattés de soleil tranquille et frais,
Les trèfles verts, les foins en fleur, les emblavures,
Les taillis, que l’on voit bondir sous le vent clair,
Les jardins, les enclos, les vergers, les fleurettes,
Roulent leur bonne odeur excitante dans l’air,
Où chante, ailes au vent, un millier d’alouettes.


II


Sous les éclats cuivrés et flambants du soleil
Languit la frondaison des chênes, sur les routes
Un sable jaune et fin cuit dans un clair sommeil,
Au ras des fossés verts les mousses sèchent toutes.

Une atmosphère ardente encercle la moisson ;
D’âcres vapeurs, venant de marais noirs, enfument
Tout l’espace enfermé dans le vaste horizon,
Où les orges aux feux méridiens s’allument.

Alors par au dessus des champs, un large vent,
Un vent du Sud, traînant, voluptueux, oppresse,
Avec le va-et-vient de son souffle énervant,
La campagne vautrée en sa lourde paresse.