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Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/122

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poèmes


Un tressaillement d’or court au ras des moissons,
La terre sent l’assaut du rut monter en elle,
Son sol générateur vibrer de longs frissons,
Et son ventre gonfler de chaleur éternelle.

De partout sort le flot des germes fécondants,
Condensés en nuage épaissi de poussières
Et qui descend baigner d’amour les blés ardents.
On dirait voir fumer de géantes braisières,

Des débris d’incendie encor chauds. Chaque arpent,
Chaque tige entr’ouverte est entourée et prise,
Des vibrions en font l’assaut, éperdument,
Et l’union se fait en des moiteurs de brise.


III


Le polder moite et qui suait sa force crue,
Sous les midis, par coins de glaise étincelants,
S’étalait tel : en champs luisants de miroirs blancs
Taillés à chocs brutaux de pique et de charrue.