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SOIR RELIGIEUX


Sur le couvent qui dort, une paix d’ombre blanche
Plane mystiquement et, par les loins moelleux,
Des brouillards de duvet et des vols nébuleux
Égrènent en flocons leur neigeuse avalanche.

Le ciel d’hiver, empli d’un espace géant,
Nacre l’azur profond d’une clarté sereine ;
Il semble que la nuit tende sur de l’ébène
Des manteaux de silence et des robes d’argent.

Les peupliers penchant, pâles, leur profil triste,
Nimbé de lune, au bord des rives sans remous,
Avec un va-et-vient de balancement doux,
Font trembler leurs reflets dans les eaux d’améthyste.