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Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/234

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poèmes


À ceux qui crèvent seuls, mornes, sales, pouilleux
Et que nul de regrets ni de pleurs n’accompagne
Et qui pourriront nus dans un coin de campagne,
Sans qu’on lave leur corps ni qu’on ferme leurs yeux,

Aux mendiants mordus de misères avides,
Qui, le ventre troué de faim, ne peuvent plus
Se béquiller là-bas vers les enclos feuillus
Et qui se noient, la nuit, dans les étangs livides.

Et tels les moines blancs traversent les champs noirs,
Faisant songer au temps des jeunesses bibliques
Où l’on voyait errer des géants angéliques,
En longs manteaux de lin, dans l’or pâli des soirs.


III


Brusques, sonnent au loin des tintements de cloche,
Qui cassent du silence à coups de battant clair
Par-dessus les hameaux, jetant à travers l’air
Un long appel, qui long, parmi l’écho, ricoche.