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Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/257

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les moines

Devint tranquille et pur et d’égale lumière.
Comme une lampe d’or aux parois d’un caveau,
Tu suspendis ton âme au temple, et ta prière
Y consuma son feu d’argent ; ton front dompté
Ne s’appesantit plus sous la science vaine
Et ton corps se figea, vêtu d’éternité.
La nuit, quand tu songeais dans les stalles d’ébène,
Immobile et muet, inflexible et serein,
La foudre aurait roulé le long de la muraille
Que rien n’eût remué dans ta pose d’airain.
Tout ton esprit tendait vers l’ultime bataille,
Et ta mort fut superbe et magnifiquement
Tu fermas tes grands yeux aux choses de la terre
Et le tombeau t’emplit de son isolement,
Lutteur victorieux, tranquille et solitaire.


IV


Et toi, le sabre au poing tu courais dans la gloire,
Au galop clair sonnant de ton étalon roux,
Qui, les sabots polis et blancs comme l’ivoire,