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les bords de la route


Je lui dirai les grands versets mélancoliques
Que l’Église, ta mère, épand aux trépassés,
Et je lui parlerai de nos amours passés
Avec les mots fanés des lèvres catholiques.

Je fixerai dans mon esprit ses traits humains,
Ses yeux scellés au jour, au soleil, à la gloire,
Et rien n’effacera jamais de ma mémoire
La croix que sur ton cœur dessineront tes mains.

Et pour réaliser ton suprême souhait,
Le soir, dans la piété des chrétiennes ténèbres.
Je sortirai ton sein de ses voiles funèbres
Et je le baiserai tel que la mort l’a fait.


IV


Depuis que te voilà dissoute au cercueil sombre
Et que les vers se sont tordus dans ta beauté
Et que la pourriture habite avec ton ombre
Et mord en toi les nids de sa fécondité,