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poèmes


Qu’il fasse aurore ou soir, mon âme est douloureuse
Et stérile aux splendeurs des sites et des airs,
Le jour, ta forme est là, passante et vaporeuse,
La nuit, ton long fantôme emplît mes bras déserts.

Il m’apparaît dans un orgueil pâle et candide,
Debout, mais sèchement retouché par la mort,
Peignant je ne sais quoi de triste et de splendide
Dans le lissage en feu vivant de ses crins d’or.

Il me regarde et ses regards semblent des plaintes
D’un exilé lointain, doux et silencieux,
Et telle est la douleur de ses clartés éteintes,
Que, chaque soir, mais mains lui ferment les deux yeux.