Page:Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
81
les bords de la route

Aux jours d’erreurs et de hasards ;
Elles ont des ongles aigus et lents
Et leurs caprices sont volants
Comme des feux à travers cieux ;
Bêtes de fils et de paillettes,
Faites de stras et de miettes
Et de micas de nacre et d’or,
Dites comme j’ai peur de leur essor
Et crainte et peur de leurs yeux,
Couleur d’éclair parmi la mer !

À quoi riment les tissus et les laines
Pour les douleurs et pour les peines ?
Les lentes laines pour les peines ?

Je sais de vieux et longs rideaux,
Avec des fleurs et des oiseaux,
Avec des fleurs et des jardins
Et des oiseaux incarnadins ;
De beaux rideaux si doux de joie,
Aux mornes fronts profonds
Qu’on roule en leurs baisers de soie.

Les miens, ils sont hargneux de leurs chimères,