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poèmes, iiie série

Les constellations ornementales,
Qui contiennent le ciel, en leurs réseaux,
Il les savait, il en fixait les destinées.

À contempler les nuits de flamme et de portor
Il lui semblait que sa tête était le centre
De leur fatal gyroîment d’or :
Le Lion accroupi, au seuil de l’antre,
Le Bélier clair, cornu d’éclairs,
Le Scorpion aigu d’écailles insensibles ;
Le Cygne blanc, avec son plumage d’argent ;
Cassiopée, en des lacs purs, nageant ;
Le Sagittaire armé de flèches invincibles ;
Le Chariot, avec ses feux, comme des roues ;
Les vaisseaux du silence dont les proues
Laissaient des sillons d’or dans ses pensées ;
La mer toute en remous d’époques dispersées ;
L’incalculable temps plus jeune encor que vieux ;
Toute la nuit et tout le firmament
Filtraient en lui, par ses deux yeux ;
Il les mêlait et les roulait dans sa folie
Avec l’orgueil soudain d’en être le dément.