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les apparus dans mes chemins

L’ACCALMIE


Plaines au Nord et mornes nues !…
Les cavales des automnes chenues
Que déchiraient des éperons d’éclair
Tannaient le sol ou piétinaient la mer.

Elles traînaient, à travers nuit,
Leurs chariots de bruit,
Si lourdement, leurs chariots de chocs,
Qu’on aurait cru les cieux cassés, par blocs.

Des mâts crucifiés, sur fond d’orage,
Penchaient, soudain, vers leur naufrage ;
Et puis plongeaient — voiles tordues —
Comme des morts, dans les vagues fendues.