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poèmes, iiie série


Le port, il le connaît, où se bercent, tranquilles,
De merveilleux vaisseaux, emplis d’anges dormants
Et les grands soirs, où s’éclairent des îles
Belles, mais immobiles,
Parmi les yeux, dans l’eau, des firmaments.
Ce royaume, d’où se lève, reine, la Vierge,
Il en est l’humble joie ardente — et sa flamberge
Y vibre, en ostensoir, dans l’air ;
Le dévorant Saint Georges clair
Comme un feu d’or, parmi mon âme.

Il sait de quels lointains je viens
Avec quelles brumes, dans le cerveau,
Avec quels signes de couteau,
En croix noires, sur la pensée,
Avec quelle dérision de biens,
Avec quelle puissance dépensée,
Avec quelle colère et quel masque et quelle folie,
Sur de la honte et de la lie.

J’ai été lâche et je me suis enfui
Du monde, en mon orgueil futile ;
J’ai soulevé, sous des plafonds de nuit,
Les marbres d’or d’une science hostile,