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les apparus dans mes chemins

Vers des sommets barrés d’oracles noirs ;
Seule la mort est la reine des soirs
Et tout effort humain n’est clair que dans l’aurore :
Avec les fleurs, la prière désire éclore
Et leurs douces lèvres ont le même parfum ;
Le blanc soleil, sur l’eau nacrée, est pour chacun
Comme une main de caresse, sur l’existence ;
L’aube s’ouvre, comme un conseil de confiance,
Et qui l’écoute est le sauvé
De son marais, où nul péché ne fut jamais lavé.

Le Saint Georges cuirassé clair
A traversé, par bonds de flamme,
Le frais matin, jusqu’à mon âme ;
Il était jeune et beau de foi ;
Il se pencha d’autant plus bas vers moi,
Qu’il me voyait plus à genoux ;
Comme un intime et pur cordial d’or
Il m’a rempli de son essor
Et tendrement d’un effroi doux ;
Devant sa vision altière,
J’ai mis, en sa pâle main fière,
Les fleurs tristes de ma douleur ;
Et lui, s’en est allé, m’imposant la vaillance