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poèmes, iiie série


Et puis voici les peurs, au bord des suicides,
Quand l’heure qui remet vainc l’heure qui décide.

Et puis le crime et sa terreur qu’il a tâtés,
Avec ses maigres doigts furtifs et exaltés.

Et puis, sa manie âpre et sa rage fervente
D’être celui qui vit de sa propre épouvante.

Et puis, le doute immense et l’effroi violent
Et la folie, avec ses yeux de marbre blanc.

Le fossoyeur, avec terreur,
La tête en proie au son des glas,
Jette sans cesse, à coups de bêche,
Sur son passé, la terre sèche.

Il regarde les jours tués — et les présents
Matant chaque sursaut d’avenir frémissant,

Tordant, entre leurs mains, dont les doigts bougent,
Goutte à goutte, le sang futur de son cœur rouge,