Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/71

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Mais aussitôt que ta cité monte, sa gloire
Jette ton nom marin aux vents de l’univers.


Tu es le fleuve immense aux larges quais, où trônent

Les banquiers de la ville et les marchands du port ;
Et tous les pavillons majestueux des Nords

Mirent leurs blasons d’or dans l’or de tes eaux jaunes.


On construit ton clocher, et ses tonnants bourdons

Livrent bientôt dans l’air leur bataille de sons ;
Il monte, et chante, et règne, et célèbre sa vierge,

Droit comme un cri, beau comme un mât, clair comme un cierge


Tes navires chargés de seigle et de froment

Semblent de lourds greniers d’abondance dorée,
Qui vont, sous le soleil et sous le firmament,

Nourrir la terre avec le pain de tes contrées.


Le lin qu’on file à tes foyers, le chanvre vert

Qu’on travaille en tes bourgs, sont devenus la toile
Dont sont faites, de l’Est à l’Ouest, toutes les voiles

Qui, la poitrine au vent, se bombent sur la mer.