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les moines

Et tel, moine soumis, qui vis auprès des bêtes,
Qui, repentant, as pris le chemin de la Foi,
Tu laisses la nature et son deuil et ses fêtes
Entrer avec son calme et sa douceur en toi.
Pourtant, quand tu reviens, le soir, vers l’oratoire
Et que dorment déjà les étables, parfois
Un clairon très lointain sonne dans ta mémoire
Le défilé guerrier des choses d’autrefois,
Et ton esprit s’échauffe à ces soudains mirages
Et tes yeux, réveillés de leur claustral sommeil,
Suivent longtemps, là-bas, la charge des nuages,
Qui vont les flancs troués des glaives du soleil.