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gravé Six et Asselyn, il s’est gravé — que de fois ! — lui-même, et voici qu’il réussit ces deux merveilles : le Docteur Tholinx et l’Orfèvre Lutma (1656). Assis en son haut fauteuil, tenant en main une statuette, se détachant — ombre et lumière — sur un grand fond d’un blanc large, le marchand d’or, d’argent et de pierres regarde de biais, et son œil fin et sagace renseigne immédiatement sur le métier qu’il fait. L’œuvre est d’une perfection rare. Elle est en gravure ce que les Syndics sont en peinture. Elle représente ce moment de la vie du maître où toutes ses grandes facultés se sont comme équilibrées pour qu’il atteigne, lui aussi, l’ordre et la sobriété dans la force.

Nous terminons ici la nomenclature des eaux-fortes. Nous avons analysé les principales. Un examen plus étendu nous entraînerait trop loin, au détriment des réflexions données au caractère, à l’influence et à la technique de Rembrandt.


VI.

Technique, couleur, composition.


Elles ont varié continuellement. Elles ne suivent pas une marche ascendante. Parfois, elles reviennent à un point de départ que déjà l’on croyait oublié. On ne peut donc les fixer qu’en tenant compte de ces caprices. Au début de l’œuvre du maître, le faire et la facture sont menus, appliqués et soignés. Le coup de pinceau se distingue à peine, il se fond avec le coup de pinceau voisin, il s’étend en une sorte de glacis uni, propret et brillant. À preuve la