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Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, I.djvu/375

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JADIS ET NAGUÈRE


« Là nous les guettâmes à l’aise,
Car ils dormaient pour la plupart.
Nos yeux pareils à de la braise ;
Brillaient autour de leur rempart,

« Et le bruit sec de nos dents blanches
Qu’attendaient des festins si beaux
Faisait cliqueter dans les branches
Le bec avide des corbeaux.

« L’aurore éclate. Une fanfare
Épouvantable met sur pied
La troupe entière qui s’effare.
Chacun s’équipe comme il sied.

« Derrière les hautes futaies
Nous nous sommes dissimulés
Tandis que les prochaines haies
Cachent les corbeaux affolés.

« Le soleil qui monte commence
À brûler. La terre a frémi.
Soudain une clameur immense
A retenti. C’est l’ennemi !

« C’est lui, c’est lui ! Le sol résonne
Sous les pas durs des conquérants.
Les polémarques en personne
Vont et viennent le long des rangs.