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Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, IV.djvu/127

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louise leclercq

siés, exténués, jusqu’à midi. À deux heures elle prenait le train de Paris, le laissant triste à mourir, mais calme et comme vaguement espérant.


III


Il y a, dans l’église dartreuse de Sainte-Marie des Batignolles, à droite en entrant par le bas côté, un Christ en croix, grandeur naturelle, effroyable et merveilleux, quelque débris d’un couvent espagnol pillé sous le premier Empire, retrouvé chez un marchand de bric-à-brac, respectueusement restauré, repeint et réédifié contre un mur chargé d’ex-voto tout flamboyant, dans l’éclat d’innombrables petits cierges votifs, d’un large ruban d’or formant gloire, qui serpente autour de l’image sainte. Cette statue est de bois, d’une belle anatomie. La tête très grosse en raison évidemment de l’élévation énorme où ce crucifix devait se trouver dans la chapelle conventuelle (espagnole, ne pas l’oublier) crie penchée, et sa convulsion épouvante dès d’abord, puis touche infiniment, tant il y a de douceur restée, d’esprit de miséricorde et de pensée vraiment catholique dans ce visage en avant qui se meurt et qui meurt pour tous. En bas, au-dessus d’un tronc, ces mots : cinq pater et cinq ave. J’aime pour ma part cet appel à la munificence des fidèles pour l’entretien glorieux